De jeunes travailleurs handicapés manifestent pour la reconnaissance de leurs droits
Depuis lundi, les usagers de l’établissement et service d’aide par le travail (Esat) sont en grève pour exiger le maintien en poste de la directrice territoriale adjointe, mutée à Lille, et pour obtenir des garanties sur leurs conditions de travail. C’est la première fois que des personnes en situation de handicap manifestent de la sorte pour faire entendre leur voix.
L’établissement et service d’aide par le travail (Esat) est fermé, depuis lundi, pour cause de grève des usagers, suite à l’affectation de leur directrice territoriale adjointe à Lille. Hier, une cinquantaine de personnes étaient rassemblées à l’extérieur de l’établissement. Elles attendent une réponse de la part de la direction générale de Lille, suite au départ de leur directrice adjointe territoriale, Nathalie Grare, alors que son contrat n’est pas encore terminé.
En janvier 2015, la nouvelle directrice territoriale adjointe a été nommée en Guadeloupe. À son arrivée, Didier Marcheguay, directeur territorial de l’Alefpa (1), lui propose de diriger l’Esat des Plaines qui connaît des difficultés de gestion, son directeur adjoint étant parti en congé maladie puis à la retraite. Elle « relève le défi » , parallèlement à son poste principal, le temps du recrutement du nouveau directeur de l’Esat. À entendre les nombreux témoignages, elle remet l’établissement sur les rails. En une année, 131 formations ont été faites. La totalité des 80 usagers ont reçu des formations ainsi que les moniteurs. Pour la première fois, un jeune usager du centre a reçu son diplôme d’assistante de vie familiale.
« L’EXÉCUTEUR DES DÉCISIONS »
La sécurité au travail a aussi été améliorée. « Elle nous a acheté des bottes » , lance un jeune usager, ulcéré. Selon lui, ses camarades et lui devaient se procurer leur équipement de travail malgré leur maigre salaire (600 euros). D’ailleurs, l’augmentation des salaires est l’une de leurs revendications. « On veut savoir pourquoi il a demandé le départ de cette dame » , lance une autre. Les usagers reprochent à leur directeur territorial de vouloir renvoyer à Lille une directrice qui en une année a fait beaucoup pour eux.
Marchegay Didier avoue n’être que « l’exécuteur des décisions de la direction générale. » Il reconnaît qu’« il y a des demandes auxquelles il faut répondre » mais pas par « des promesses intenables » .
« Tout ce qu’elle (Nathalie Grare, NDLR) a fait, c’est de mettre en lumière ce qui existait et qui n’a jamais été mis en oeuvre, ni utilisé, comme ces plans de formation qui existaient déjà depuis 2011-2012, et comme la formation sur le droit des usagers » , précise Nicole Di-Ruggiero, éducatrice spécialisée.
Pour la psychologue, Lydia Elhmany, la mobilisation de ces jeunes travailleurs « est le résultat de toutes les formations auxquelles ils ont pu accéder en 2015 grâce à l’impulsion d’une personne. » C’est une première en Guadeloupe, voire en France, que des travailleurs en situation de handicap décident de manifester pour que leurs droits à de meilleures conditions de travail et de vie soient entendus et respectés.