Un agenda pour atteindre zéro discrimination dans les soins de santé
L’ONUSIDA et l’Alliance mondiale pour les personnels de santé lancent un Agenda pour atteindre zéro discrimination dans les soins de santé. Cet agenda défend la vision d’un monde où tout le monde, partout, pourra bénéficier de services de santé sans discrimination et dans lequel les professionnels de santé auront les moyens de proposer des services à tous sans discrimination.
Dans le monde, un grand nombre de personnes sont confrontées à des obstacles qui les empêchent d’accéder à des services de santé de qualité et de bénéficier du meilleur état de santé possible. Les raisons en sont diverses et varient en fonction des pays et des communautés. Même lorsque les services de santé sont disponibles et de bonne qualité, les personnes craignent souvent la stigmatisation et la discrimination ou en sont victimes, ce qui les empêche d’accéder aux services dont elles on besoin et auxquels elles ont droit.
Un nouveau rapport de l’organisation Asia Catalyst, rédigé en collaboration avec huit organismes à assise communautaire au Cambodge, en Chine, au Myanmar et au Vietnam, a recensé les pratiques discriminatoires ayant cours dans le secteur de la santé, particulièrement à l’encontre des personnes vivant avec le VIH. Ses conclusions évoquent des cas de dépistage du VIH non consenti, de divulgation de l’état sérologique sans l’accord du patient, de ségrégation, de surcoûts arbitraires imposés en raison de la séropositivité au VIH et d’avis médicaux défavorables à une grossesse et poussant à la stérilisation sur la seule base de la séropositivité au VIH.
Cet agenda propose un espace de collaboration entre les pays, l’Organisation mondiale de la Santé, l’ONUSIDA, d’autres organismes des Nations Unies et intergouvernementaux, les associations de professionnels de santé, la société civile, les milieux universitaires et d’autres acteurs, dans le but de prendre des mesures coordonnées pour atteindre l’objectif de zéro discrimination dans les soins de santé.
L’agenda donnera la priorité à des actions conjointes cohérentes dans trois domaines critiques :
- Soutien politique : en renforçant l’engagement politique à travers la mobilisation de tous les groupes constitutifs, afin de consolider le caractère prioritaire de cet agenda à tous les niveaux.
- Mise en œuvre : en favorisant l’intensification de la mise en œuvre d’actions efficaces pour parvenir à des soins de santé sans discrimination.
- Responsabilisation : en encourageant la création de cadres de suivi et d’évaluation et de mécanismes pour collecter des données probantes, contrôler les avancées et assurer la responsabilité.Le plan d’action décrit sept priorités, dont les suivantes : constituer et échanger données probantes et meilleures pratiques ; définir des normes ; assurer l’engagement réfléchi des personnes les plus touchées par la discrimination au moyen du développement, de la mise en œuvre et du suivi des politiques et des programmes ; et renforcer le leadership des associations de professionnels de santé.Une communauté virtuelle sur les pratiques dans ce domaine a été créée afin de mobiliser davantage de partenaires autour de cette vision partagée et du plan d’action ; pour y participer, écrire à l’adresse ghwa@who.int.
Déclarations
« La non-discrimination dans le secteur de la santé est urgente pour mettre fin à l’épidémie de sida, et il est tout à fait possible d’y arriver. Les États membres ont l’obligation légale d’assurer la non-discrimination. C’est aussi une condition sine qua non pour une politique de santé publique sensée. Il est possible d’éliminer la discrimination au moyen d’un agenda réaliste, avec des efforts conjoints et des programmes ayant la bonne échelle et la portée adéquate. C’est le moment ou jamais d’agir. »
« Atteindre l’objectif de zéro discrimination dans le secteur de la santé va de pair avec le développement d’institutions et de systèmes capables de fournir des services équitables, centrés sur les individus. Fondamentalement, cela nécessite l’accès à des professionnels de santé correctement formés et encadrés, possédant un ensemble minimum de compétences de base. »
« Les personnes vivant avec le VIH, notamment les jeunes, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles, les personnes pratiquant le commerce du sexe et les consommateurs de drogues, doivent lutter pour être écoutées et respectées dans les cliniques et les hôpitaux. Les données de l’Indice de stigmatisation provenant de plus de 65 pays et portant sur plus de 65 000 personnes vivant avec le VIH interrogées montrent que 10 à 40 % d’entre elles ont été confrontées à un refus de soins par des professionnels de santé. De manière plus positive, l’Indice de stigmatisation a débouché sur des partenariats conclus avec des hôpitaux, des régimes de santé et des ministères afin de mettre en place des actions programmatiques et politiques en réponse à ces discriminations. Ces programmes doivent être élargis de manière à ce que tout le monde puisse accéder à des services sans préjugés.»