Handicap et accessibilité : un chantier gigantesque
La mairie de Niort va investir plus de 10 M€ sur neuf ans pour rendre la ville accessible aux personnes souffrant de handicaps.
Et dire qu’au 1er janvier 2015, tous les lieux du public devaient être accessibles à nos concitoyens souffrant de handicap…
Avec les associations, la ville de Niort a inventorié tout ce qui reste à faire sur les lieux dont elle est propriétaire : le chantier est colossal. Certes, des aménagements ont été réalisés ces dernières années : quinze sites municipaux ont fait l’objet d’une attestation d’accessibilité comme la Villa Pérochon, la mairie de quartier de la Tour-Chabot, la maison de quartier de Sainte-Pezenne, les groupes scolaires Agrippa-d’Aubigné, Louis-Pasteur, Paul-Bert ou Jean-Zay…
Reste à faire
Mais l’effort n’a pas été à la hauteur de l’ambition affichée par la loi de 2005 (1) : cent quatre-vingt-treize autres écoles, centres socioculturels, lieux culturels et cultuels, salles de sports… ne sont toujours pas aux normes. Même constat pour vingt-trois « installations ouvertes au public » comme les places publiques ou les cimetières.
Quels types de travaux sont nécessaires ? « D’un site à l’autre, c’est très variable, observe Claire Batifoulier, directrice de projet Environnement et Handicap à la Ville. Dans cinq écoles par exemple, il faudrait installer des ascenseurs pour accéder à l’étage : George-Sand, Emile-Zola, Ferdinand-Buisson, Jean-Jaurès et Louis-Aragon (2). » « Mais les travaux peuvent être onéreux, installer un ascenseur par exemple coûte entre 200.000 € et 300.000 €, reprend Jacqueline Lefebvre, adjointe en charge de l’accessibilité. C’est pourquoi nous avons établi un calendrier d’interventions. »
Ce plan d’action sur neuf ans a été baptisé « Agenda d’accessibilité programmée », ou Ad’ap. Une enveloppe de 10,4 M€ lui sera consacrée. « Il sera décliné en trois tranches de trois ans (3), explique l’élue. Pendant la première phase, au vu du contexte financier, nous allons concentrer nos actions sur les bâtiments où il reste peu de choses à faire et où les aménagements seront “ faciles ” à mener. » Au cours de cette première phase seront prises des mesures « simples » à mettre en œuvre, comme renforcer la signalétique, adapter l’éclairage ou changer des sols trop glissants. Mais des chantiers plus ambitieux seront aussi engagés comme la mise aux normes en 2018 de l’école Jean-Jaurès qui prévoit, entre autres mesures, l’installation d’un ascenseur (coût estimé de ce programme 253.000 € + environ 50.000 € d’études).
(1) Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances. Ce déficit d’action n’est pas propre à Niort, il est général. (2) Si moins de 100 élèves sont en classe à l’étage, l’installation d’un ascenseur n’est pas obligatoire et une dérogation peut être accordée en permutant des classes. (3) D’ici 2018, 63 ERP et 10 IOP seront mis en accessibilité (1,6 M€). Période 2019-2021, 47 ERP et 7 IOP mis en accessibilité (3,3 M€). Période 2022-2024, 85 ERP et 6 IOP mis en accessibilité (5,3 M€).
la phrase
” En matière de handicap, ce qui est pensé et conçu pour 10 % de la population profite à 100 % d’entre nous “
« Dans le cadre de ce programme, explique Claire Batifoulier, on envisage aussi de traiter les cheminements entre les arrêts de bus et les ERP. Parce qu’à quoi sert de rendre un ERP accessible si le trajet qui y conduit ne l’est pas ? ! » « Nous allons le faire… alors que ce n’est pas une obligation de la loi ! », glisse l’adjointe en charge de l’accessibilité Jacqueline Lefebvre, répondant mine de rien à ce Niortais en fauteuil roulant qui, fin novembre, avait déclaré à la NR : « Je ne remets pas en cause la bonne volonté de la Ville, mais j’ai peur que tout cela soit repoussé sans cesse ».
Et l’élue d’ajouter que, « en matière de handicap, ce qui est pensé et conçu pour 10 % de la population profite en réalité à 100 % d’entre nous ». Façon de dire qu’il serait malvenu de douter du volontarisme de la Ville pour mener ce programme qui, au fond, relève du bon sens. Et, accessoirement, d’une obligation légale.
Source : la nouvelle république