Où vont les Ehpad ?
Où vont les Ehpad ?
L’observatoire des Ehpad du cabinet d’audit KPMG s’intéresse dans sa dernière étude aux évolutions du secteur et de ses attentes. 306 directeurs de structures ont été interrogés et la grande majorité d’entre eux prévoient un accroissement des capacités d’accueil, malgré un contexte financier difficile.
Depuis plusieurs années, le cabinet d’audit KPMG développe, à travers son “Observatoire des Ehpad”, une expertise sur les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (voir nos articles ci-contre du 22 mai 2014 et du 8 février 2013). Dans sa dernière livraison, intitulée “Ehpad : vers de nouveaux modèles ?”, il s’intéresse aux évolutions du secteur et de ses attentes : impact du poids croissant de la dépendance et évolution des besoins des personnes âgées, adaptation des établissements, enjeux de la concentration du secteur, stratégies mises en œuvre, perspectives d’évolution globale des Ehpad…
Une “course à la taille”
L’étude repose sur des questionnaires, complétés par des entretiens, servis par 306 directeurs de structures représentant 513 Ehpad (avec toutefois une sous-représentation des établissements privés commerciaux). Il s’en dégage une quasi-unanimité sur la poursuite de l’accroissement des capacités du secteur, malgré la croissance continue du maintien à domicile. Mais cet accroissement se fera dans un contexte de contraintes financières, moins favorable au développement des Ehpad. Ces contraintes encourageront, par conséquent, une “course à la taille”.
Sur la stratégie d’adaptation de l’offre de services afin de mieux répondre aux évolutions, l’étude met en évidence les conditions requises pour assurer une qualité des services proposés au sein des Ehpad. Il s’agit en l’occurrence de qualité de la relation des professionnels avec les résidents (73% de citations), d’un ratio suffisant professionnels/usagers (49%) et du niveau de formation du personnel (29%). Pour sa part, la réussite économique des Ehpad – vue par les directeurs – passe par les coopérations avec les acteurs sur le territoire (58%), la capacité à maintenir la qualité de prise en charge (43%) et la diversification des activités autour de la notion de filière gérontologique (38%). En termes de coopération, 95% des directeurs déclarent travailler en réseau sur leur territoire.
Vers un fort recul de la part des Ehpad publics ?
En matière de ressources humaines, les besoins les plus prégnants portent sur les personnels soignants (infirmières et aides-soignantes) avec 75% de citations, sur des personnels ressources spécialisés (ergothérapeutes, dentistes…), avec 48% de citations, et sur les personnels d’animation (28%).
La concentration du secteur est perçue comme inévitable, 76% des directeurs prédisant ainsi une moindre présence des gestionnaires mono-Ehpad. Seuls 12% prévoient toutefois une “concentration massive” des établissements. En termes de statut des structures – et bien que les directeurs d’établissements privés commerciaux soient sous-représentés dans l’échantillon -, les répondants croient en une nette progression du privé commercial. Celui-ci représenterait, dans dix ans, 36% des places, contre 20% aujourd’hui. Le secteur public connaîtrait, à l’inverse, un fort recul, en revenant à 35% (contre 50%), le privé non lucratif restant à peu près stable (29%).
Invités à citer trois adjectifs correspondant à leur perception de l’évolution des Ehpad dans les prochaines années, les directeurs interrogés citent en priorité différents termes : ouverts, adaptés, innovants, humains, accessibles… L’étude met également en évidence quatre atouts décisifs pour l’avenir des Ehpad : une densité géographique permettant un bon maillage du territoire, des ressources humaines disposant d’un bon niveau de compétence pour mettre en œuvre un panel de services, des capacités logistiques et administratives solides et, enfin, une habitude de travail en réseau avec les autres acteurs du territoire.
Source : Localtis/Jean-Noël Escudié / PCA