Interview Myriam El Khomri
Interview Myriam El Khomri : « Faire bouger les lignes de la formation »
Myriam el Khomri, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social était hier à Biarritz pour l’ouverture de la 14e université d’hiver de la formation professionnelle. Un rendez-vous au cours duquel elle a largement insisté sur le rôle de la formation professionnelle dans la lutte contre le chômage.
Vous avez expliqué à l’UHFP avoir besoin de chaque personne présente pour que le plan de formation de 500 000 personnes annoncé par François Hollande soit un succès, parce qu’un salarié mieux formé est un salarié motivé… Un véritable appel lancé à la formation professionnelle…
La formation professionnelle a un rôle très important à jouer. Un salarié mieux formé peut en effet développer des compétences et donc espérer un déroulement de carrière différent. Il est essentiel de pouvoir donner à un individu la capacité de se développer au sein de l’entreprise ou d’acquérir des compétences qui lui seront utiles face au marché du travail.
Pour quelles raisons ?
Investir dans la formation est important pour la compétitivité de notre économie. Lorsque je rencontre mes collègues européens, je constate le retard de la France en la matière, surtout lorsqu’il s’agit de personnes en situation de chômage. Il faut se rendre compte que lorsque nous formons 10% de nos demandeurs d’emploi sur dix, l’Allemagne en forme 20%, et l’Autriche, 40%. Et que dire du discours des employeurs qui ne parviennent pas à embaucher parce que leur métier n’est pas suffisamment attractif, ou situé sur une niche pour laquelle peu de formations existent ?
Il y a aujourd’hui 150 000 à 200 000 emplois non pourvus. Il est essentiel de pouvoir mieux renseigner et orienter les candidats à la formation, notamment en étant précis sur les taux d’insertion de chaque filière en recherche de compétences.
Mieux tenir compte des besoins des bénéficiaires de la formation continue
Quelle est l’importance pour vous d’un rendez-vous comme cette Université d’Hiver?
Ce genre d’événement permet de prendre conscience que le monde de la formation évolue très vite. Aujourd’hui, la formation professionnelle reste dans notre pays d’une très grande complexité avec des logiques administratives ou encore financières difficiles à aborder. Il est essentiel de parvenir à faire bouger les lignes en partant des besoins des bénéficiaires, salariés et demandeurs d’emploi, et de faciliter ensuite les évolutions et reconversions professionnelles. Et je crois pour cela au compte personnel de formation, à la fois véritable outil et petite révolution.
Le plan supplémentaire de formation annoncé par le président François Hollande ne réussira que s’il y a mobilisation collective. Il faut donc parvenir à plus de fluidité dans les actions de chacun au quotidien. De manière à parvenir à un succès qui sera lui aussi collectif.
Source : Studyrama